Pour les personnes ne pouvant plus écrire avec une main et un stylo, la recherche travaille sur la possibilité d’écrire avec les yeux. C’est le chercheur Jean Lorenceau au Centre de recherche de l'institut du cerveau et de la moelle épinière (CNRS/UPMC/Inserm) qui a mis au point un système permettant de suivre les mouvements des yeux pour leur faire dessiner des mots.
Illusions d'optique
La principale difficulté est que les yeux se déplacent naturellement par saccades, ce qui exclut un mouvement continu qui dessinerait des contours lisses. Pour remédier à cette difficulté, l’équipe de Jean Lorenceau s’est inspirée d’une illusion d’optique des années 70 : le mouvement reverse-phi. Cette illusion d’optique est provoquée par la modification à un rythme régulier de l’intensité lumineuse d’une image qui donne l’impression de mouvement. C’est ainsi qu’il est possible de provoquer des mouvements réguliers qui permettent de tracer des formes cohérentes.
Mouvements des yeux
Equipées d’une mini-caméra qui scrute le mouvement des yeux et le transmet à un logiciel qui analyse les données, et après quelques heures d’entrainement, les personnes sont capables d’écrire avec leurs yeux comme on utiliserait la main.
Cette nouvelle avancée permet aux personnes paralysées de communiquer car la rapidité du tracé est proche d’une écriture manuelle. Jean Lorenceau indique : « Un premier prototype pourrait être finalisé dans les deux ans ». Mais cette prouesse technologique peut avoir d’autres utilités selon le chercheur : « Le rapport entre la perception du mouvement et la manière dont on le suit est une porte ouverte sur la recherche pour mieux comprendre ce que l’on apprend et la manière dont on l’apprend».
Découvrez la vidéo de démonstration, une animation en 3D interactive décrivant le rôle des muscles oculomoteurs, et l’article intégral sur le Guide de la vue® : "Un nouveau dispositif pour écrire avec les yeux".
Références : “Cursive writing with smooth pursuit eye movements”, Jean Lorenceau – Current Biology 26 juillet 2012
Crédit photo : © Lorenceau, CNRS