Notre dernière actualité dédiée à la DMLA abordait le sujet des traitements de cette maladie chronique qui touche près d'un million de Français. La dégénérescence maculaire liée à l'âge se réfère à diverses formes cliniques et évolutives. À ce jour, la recherche a découvert des moyens de freiner le développement de cette pathologie et continue de se pencher sur des solutions thérapeutiques. Même s’il n’existe toujours pas de traitement pour guérir définitivement cette pathologie oculaire, il est néanmoins possible de la freiner fortement. Dans cette rédaction, nous allons aborder les différents axes de recherche car la DMLA représente un enjeu de santé publique et mobilise énormément la communauté scientifique. La DMLA fait l'objet de très nombreux travaux, menés à travers des voies de recherche très diverses. Ceux-ci ont déjà permis de réaliser d'importantes avancées dans la connaissance et la compréhension des mécanismes de la maladie. Mais les efforts se poursuivent afin de trouver de nouvelles cibles et stratégies thérapeutiques.
Rédaction réalisée avec l'aimable collaboration du Dr Jean-François Girmens, ophtalmologiste au CHNO des Quinze-Vingts, et du Dr Florian Sennlaub, directeur de recherche Inserm classe 1 à l'Institut de la Vision.
DMLA humide, réussir à réduire le nombre d'injections
La voie de recherche actuellement la plus privilégiée dans le traitement des complications de la DMLA avec l'apparition de néovaisseaux anormaux demeure celle des anti-angiogéniques, que ce soit à travers de nouvelles molécules comme de nouveaux systèmes de délivrance. Par exemple est actuellement à l'étude un réservoir posé de manière chirurgicale et rempli régulièrement d’anti-VEGF. “Nous sommes actuellement à environ 7 injections en moyenne par patient, par an. C'est un traitement assez lourd”, précisait le Dr Florian Sennlaub. C'est pourquoi les études en cours ont en commun de chercher des formulations permettant d'en espacer la fréquence et d'en réduire le nombre.
D'autres pistes pour la DMLA humide
Une autre approche de la recherche pour traiter la DMLA exsudative repose sur la thérapie génique. “Au lieu d'injecter directement un anti-VEGF dans le vitré, on va essayer de faire produire la protéine par l'œil lui-même. Pour cela, on injecte un vecteur qui code pour l'anti-angiogénique et va faire fabriquer un anti-VEGF par les cellules”, ajoutait le directeur de recherche. Plusieurs essais cliniques de thérapie génique sont actuellement en cours d'évaluation, les résultats sont attendus. Des essais consistent parallèlement à trouver d'autres alternatives à l'inhibition du VEGF en identifiant d'autres facteurs impliqués dans l'angiogenèse ou en combinant par exemple anti-VEGF et angiopoïétines. Toutes ces pistes ont en commun de vouloir accroître la durabilité de l'effet thérapeutique et d'assécher le plus possible l'exsudation.
DMLA atrophique, réussir à réguler l'inflammation
La communauté scientifique s'intéresse beaucoup au rôle de l'inflammation chronique dans la DMLA atrophique car, contrairement à la DMLA humide, la perte des photorécepteurs n’est pas due à la formation de néovaisseaux, mais résulte probablement de réactions inflammatoires et du stress oxydatif. Cette inflammation, bénéfique au stade précoce mais pathogène aux stades plus avancés de la DMLA, est marquée par une accumulation de macrophages sous la rétine. “Parmi les facteurs de risque établis, plusieurs variants génétiques ont été identifiés et peuvent représenter une piste pour des molécules en particulier, impliquées dans le processus immunitaire qui rendent l'inflammation plus agressive”, précise le Dr Sennlaub. Depuis 15 ans environ, les facteurs de risques qui peuvent mener à la DMLA sont suivis de près et ont déjà permis de comprendre quelques-uns des mécanismes liés à cette inflammation, l'idée aujourd'hui étant de trouver les moyens de résoudre celle-ci. Et le chercheur d'ajouter : “Nous avons observé qu'en l'absence de certaines molécules, l'élimination de macrophages ne fonctionnait plus. Or si l'on réussit à remplacer ce facteur ou si l'on active les mêmes récepteurs, alors on pourra induire une résolution de l'inflammation en essayant de faire sortir plus de macrophages pour diminuer leur présence et donc leurs effets négatifs sur les tissus. C'est l'objet du programme sur lequel nous travaillons avec le Pr Sahel et l'université de Pittsburgh.” En parallèle, d'autres essais sont actuellement en cours sur des molécules qui agissent sur la voie du complément, avec l'objectif d'empêcher l'atrophie de s'accentuer.
Pour empêcher l'atrophie de s'accentuer, assécher le plus possible l'exsudation ou encore lutter contre la mort des photorécepteurs, les voies de recherche sont aujourd'hui nombreuses.
Une multiplicité de voies de recherche
Il existe une importante diversité de voies de recherche pour la DMLA sèche et, plus généralement, pour les maladies rétiniennes entraînant une dégénérescence descellules photoréceptrices.
- La neuroprotection : la DMLA mène à l'atrophie des cellules photoréceptrices, entraînant une perte lente mais progressive de l'acuité visuelle. L'une des pistes actuellement à l'étude est celle de la neuroprotection à travers des molécules qui protégeraient la rétine, diminueraient la perte des photorécepteurs et ainsi réduiraient l'apoptose, le mécanisme d'autodestructiondes cellules.
- La thérapie cellulaire : afin de lutter contre la mort des photorécepteurs, l'idée de la thérapie cellulaire est de transplanter sous la rétine des cellules de l'épithélium pigmentaire conçues à partir de cellules souches embryonnaires ou de cellules souches pluripotentes induites (iPS), avec l'idée de remplacer ces cellules nécessaires au maintien des photorécepteurs. Plusieurs essais sont actuellement en cours.
- L'optogénétique : cette technique consiste à transférer un gène codant pour une protéine sensible à la lumière qui, à son tour, permettra aux cellules neuronales de répondre à une stimulation lumineuse. Un premier essai clinique, réalisé sur une personne atteinte de rétinopathie pigmentaire à un stade très avancé, vient de récupérer partiellement la vue.
- L'implant rétinien : autrement appelé rétine artificielle, il consiste en un dispositif qui stimule électriquement la rétine. Actuellement en cours, une étude pivot européenne baptisée PrimaVera espère confirmer la sécurité et les avantages du système Prima, développé par la start-up française Pixium Vision : les résultats sont prochainement attendus.
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