Nos dernières actualités concernant la DMLA traitaient des avancées de la recherche dans la lutte contre cette pathologie oculaire, et des traitements de la Dégénérescence maculaire liée à l'âge. Ce nouvel article, réalisé avec l'aimable participation de médecins spécialistes, nous révèle l'importance de la prévention, du dépistage précoce et de notre mode de vie.
Rédaction réalisée avec l'aimable collaboration du Dr Jean-François Girmens, ophtalmologiste au CHNO des Quinze-Vingts, et du Dr Florian Sennlaub, directeur de recherche Inserm classe 1 à l'Institut de la Vision.
De l'importance de la prévention et du dépistage de la DMLA
En attendant le développement de nouveaux traitements, la prévention et le dépistage sont essentiels pour réussir à maintenir la meilleure acuité visuelle possible. Bien que ses origines soient encore mal connues, la DMLA résulte de la combinaison de différents facteurs de risque. L'âge en est assurément le principal puisque la prévalence de la maculopathie liée à l'âge est estimée à environ 1% avant 55 ans, 10 à 20% entre 55 et 75 ans, 25 à 30% après 75 ans (3). Des facteurs génétiques jouent également un rôle important dans sa survenue : le risque de développer une DMLA est quatre fois plus important en cas d'antécédents familiaux. Enfin, elle dépend également de facteurs environnementaux, “c'est pourquoi il est primordial de respecter quelques mesures d'hygiène, idéalement toute sa vie durant. Il n'est jamais trop tard pour les adopter afin de limiter les facteurs de risques et ainsi échapper à la maladie ou en réduire la progression lorsqu'elle survient”, commentait le Dr Girmens.
Le mode de vie influe sur la DMLA
Les études AREDS ont été les premières à démontrer que certains nutriments, apportés par l’alimentation, contribuaient à protéger la rétine. Parmi eux, les oméga-3, le zinc, le cuivre, la lutéine, la zéaxanthine, les vitamines C et E. Il a par exemple été observé que le risque de développer une DMLA était réduit de 41% chez les personnes à l’alimentation fortement méditerranéenne (4) (poissons, légumes, huile d'olive), tandis que l'obésité en doublait le risque, d'où l'importance d'une alimentation variée et équilibrée. L'hypertension artérielle compte également parmi les facteurs de risque, tout comme le tabagisme qui confère un sur-risque jusqu’à 20 ans après l’arrêt du tabac. Sans oublier les effets cumulatifs sur la rétine du rayonnement solaire, comme l'a montré une étude des équipes de Serge Picaud, à l'Institut de la Vision, sur la toxicité de la lumière. Enfin, l'activité physique n'est pas à négliger puisqu'elle contribue à maintenir une bonne hygiène de vie globale.
Le dépistage précoce d'une DMLA est primordial
Comme pour nombre de pathologies oculaires, plus la DMLA est diagnostiquée tôt, plus les chances de préserver la vision sont importantes. Que ce soit pour la forme exsudative ou atrophique, la prise en charge précoce des patients est essentielle, pour réduire la progression de la maladie et, surtout, éviter une aggravation de la baisse de vision car les lésions sur la rétine sont en grande partie irréversibles. Pour cela, les techniques d'imagerie ont énormément évolué ces dernières années, que ce soit dans la résolution des images que la facilitation de leurs procédures d'acquisition, permettant de mieux diagnostiquer et suivre l'évolution de la maladie. L'OCT-angiographie (OCT-A) notamment est une nouvelle technique rapide et non invasive qui combine l'angiographie et la tomographie par cohérence optique (OTC) mais sans injecter de produit de contraste : elle permet d’étudier plus précisément encore les vaisseaux sanguins de la rétine.
Si la DMLA atrophique demeure à ce jour une maladie incurable, les perspectives thérapeutiques et les voies de recherche sont nombreuses et diverses pour lutter contre cette maladie chronique qui peut mener à une forte baisse de vision. “Bien que le temps de la recherche soit un temps long, je suis particulièrement optimiste car elle a déjà permis des progrès considérables ces vingt dernières années et les efforts de très nombreux chercheurs, aux quatre coins du monde, ne sont pas ménagés”, concluait le Dr Sennlaub. C'est pourquoi il importe de rappeler que la bonne hygiène de vie générale, le dépistage précoce et l'autosurveillance sont à ce jour des alliés de choix pour lutter contre la DMLA et la baisse d'acuité associée.
3 CNHO des Quinze-Vingts, les maladies de l'œil, la dégénérescence maculaire liée à l'âge (DMLA).
4 B. Merle et coll., Mediterranean diet and incidence of advanced AMD: The EYERISK CONSORTIUM, Ophthalmology (2018), doi: 10.1016/j.ophtha.2018.08.006